Le regard perdu dans les eaux profondes du lac...

Helena fixait un point fixe à l'horizon. Le soleil couchant luisait dans ses yeux caves. Un halo indigo disparaissait derrière le château. Elle aurait bien aimé partir d’ici pendant les vacances, mais où aller ? Aucun membre de sa famille n’était en vie, alors à quoi bon passer deux semaines à errer dans les rues sombres de Londres ? Elle aurait été loin de Poudlard, c’est certain.

Cela faisait une demi-heure qu’Helena était assise au bord du lac qui embellissait le parc de l’école. Beaucoup de ses camarades venaient de partir pour retrouver leur famille durant les vacances. Après mûre réflexion, ce n’était pas plus mal. Helena avait une grande partie de château à elle seule.

Elle s’allongea dans l’herbe fraiche et ferma les yeux. Rien ne pouvait interrompre sa sérénité.

Emilie sortit du du château après avoir manger. Elle n'était pas reparti pendant les vacances. Son parrain était très occupé et elle se voyait mal rester toute la journée dans Loutry St Chaspoule à observer le monde des Moldus. Albus était parti et elle avait légèrement le blues. Il lui manquait terriblement et elle décida de faire une petite balade atour du lac pour ne pas trop s'ennuyer. Le reflet du soleil dans le lac était magnifique.
Elle marcha un peu quand elle vit une personne allongée dans l'herbe. Emilie s'approcha et découvrit que c'était Helena Moor, la serpentard. Emilie ne lui avait jamais vraiment parler mais savait de réputation qu'elle était assez solitaire. Cependant sans qu'elle ne sache pourquoi Emilie éprouvait assez de sympathie pour elle. Peut-être était-ce parce qu'elle aussi aimait bien se sentir seule de temps en temps. Elle s'approcha doucement et s'assit près de la serpentard, soucieuse de ne pas la déranger.

Helena entendit un bruit juste à côté d'elle. Elle entrouvrit un œil et aperçut une jeune fille habillée aux couleurs de la saugrenue maison de Poufsouffle. Elle était assise en tailleur et regardait paisiblement le lac. La jeune Serpentard ne pouvait pas rester tranquille quelques temps sans être dérangée ? Dans Poudlard, Helena ne devait pas avoir une réputation de jeune fille sympathique et attachante, alors pourquoi l’approchait-on encore ? Helena referma les yeux et ne prêta pas intention à sa voisine intempestive.

Visiblement, la Poufsouffle n’avait pas l’intention d’engager la conversation. Elle était silencieuse mais arrivait néanmoins à déranger Helena. Sans prendre la peine de regarder son interlocutrice, la jeune Serpentard demanda avec mépris :

- Que me veux-tu ?

- Que me veux-tu ?

Que lui répondre ? Emilie n'avais pas vraiment envie de parler d'elle ni vraiment d'autre chose. Certes elle aurait préféré une phrase de début plus sympathique du genre '' qui es-tu ? " Mais bon "que me veux tu ?" n'étais pas si terrible que ça. Au moins elle ne l'avait pas insultée pensa Emilie. Tant pis Helena allait peut être l'envoyer balader mais elle déçida tout de même de raconter un peu sa vie.

<< Rien je cherchais juste de la tranquilité mais quand je t'ai vu je me suis dis que j'aimerai bien taper la causette avec toi. Sinon moi c'est Emilie Jorkins, je suis à Poufsouffle en 5ème année. Mais bon si tu t'en fous dit-le tout de suite et j'aurai compris.>>

- Mais bon si tu t'en fous dit-le tout de suite et j'aurai compris.

Helena eut un sourire dépourvu d'émotion.

- Comme si je n'avais pas remarqué que tu étais à Poufsouffle... marmonna-t-elle.

La jeune Serpentard s'en fichait certainement, mais elle était trop calme pour l'envoyer balader.

- Toi, en revanche, tu ne dois pas savoir qui je suis. Quand une personne sait qui je suis et connait mon tempérament, la dernière chose qu'elle ferait, ce serait de venir bavarder avec moi.

Elle avait parlé lentement, savourant chacune de ses paroles. Helena se rendit compte qu'elle n'avait pas parlé depuis un certain temps.

- Après tout, tu as eu le courage de venir me parler. C'est impressionnant. Même les preux chevaliers de Gryffondor n'auraient pas eu ce courage.

Elle jeta un coup d'oeil furtif à Emilie. La Poufsouffle souriait.

- Après tout, tu as eu le courage de venir me
parler. C'est impressionnant. Même les preux chevaliers de Gryffondor
n'auraient pas eu ce courage.

Emilie sourit en pensant qu'elle ne haïssait pas les Gryffondors, loin de là, mais elle devait cependant avouer que quelques preux chevaliers comme la serpentard le disait était très loin d'avoir assez de courage pour parler avec la personne qui semblait être la plus sombre de poudlard. En fait Emilie n'avait pas vraiment le besoin de parler elle avait juste envie de connaitre un peu mieux la personne à côté de laquelle elle était assise.

- Si ,je sais qui tu es mais seulement de réputation et de nom. Sinon je ne te connais pas vraiment assez pour te juger et c'est peut-être pour cela que je suis venue ici en te voyant.

Sirius sortit du château en s'étirant langoureusement. La nuit tombait et les tours du bâtiment n'étaient plus que d'immenses silhouettes sombres et écrasantes qui se détachait sur le soleil couchant. Il allait pouvoir profiter de ces derniers rayons et du dernier moment de chaleur que la journée pouvait encore lui offrir.

Seul. Il voulait être seul. Depuis quelques temps, il ne l'était plus et au fond, cela le rendait fou. Il avait besoin de ses moments de solitudes, ces instants où il pouvait se perdre en lui sans se soucier de sourire, de répondre à une question ou de devoir se concentrer. Des moments où il était seul avec lui-même.

Il croisa les bras derrière sa tête afin de détendre plus rapidement ses muscles douloureux et se dirigea ainsi vers la rive du lac, à l'endroit où les arbres de la forêt entrait dans l'eau. Le spectacle qu'offrait le paysage était somptueux et rassurant. Le sommet des montagnes qui entouraient le lac renvoyaient encore la lumière orangée des derniers rayons du soleil. Sur l'eau, ces sommets brillaient comme des feux ardents. Sirius sourit et tourna la tête vers le château.

L'édifice de pierre semblait d'autant plus grand et imposant que son ombre s'étendait très loin devant lui, plongeant le parc dans une pénombre quasi-irréelle. Comme il laissait son regard vagabonder sur la berge du lac, il aperçut deux élèves qui discutaient près du lac, assez loin de lui.

Il n'eut pas besoin de s'approcher pou reconnaître Helena Moor. Même allongée, elle gardait cette silhouette élancée et provocante qui la rendait facilement identifiable pour quelqu'un l'ayant déjà vu.

En revanche, il ne connaissait pas l'autre élève. Et a vrai dire, il n'avait pas envie d'en savoir plus. Il était bien là, seul avec le paysage. Décroisant les bras, il se laissa glisser contre un sapin au tronc sec et un peu creux. Du coin de l'oeil, il surveillait Miss Moor.

Cette élève l'intriguait au plus haut point mais après tout ce qui lui était arrivé ces derniers temps, Sirius n'avait plus envie de se lancer dans un semblant de relation. Il appréciait la jeune Serpentard, mais si elle ne venait pas, il n'irait pas la trouver. Il en avait assez fait.

Alors, il se désintéressa des deux filles et plongea son regard dans le lac.

- Si ,je sais qui tu es mais seulement de réputation et de nom. Sinon je ne te connais pas vraiment assez pour te juger et c'est peut-être pour cela que je suis venue ici en te voyant.

Helena haussa les sourcils d'un air hautain. Décidemment, les élèves de cette école possédaient un espoir faramineux. Emilie semblait avide d'en apprendre plus sur la jeune Serpentard, chose qui n'allait pas être facile pour elle, car Helena se révélait être une vraie tombe au sujet de sa vie.

Malgré le soleil qui l'ébouissait, elle réussit à apercevoir la silhouette d'une élégance désinvolte de Sirius Black. Il était seul et regardait l'endroit où les deux jeunes filles se trouvaient.

Helena se désinteressa quelques secondes de la Poufsouffle et observa le Gryffondor calmement. Celui-ci ne semblait pas décidé à réagir ou à intervenir. Elle envia sa solitude.

- Je pense que tu n'arriveras pas à établir un jugement sur ce que je suis, déclara Helena d'une voix sinistre en regardant le lac.

Elle saisit un brin d'herbe du sol et le mordilla d'un air absent.

- Sache seulement que j’aime être seule et que je ne suis pas… attachante.

Helena ferma les yeux, laissant Emilie perplexe face à cette réponse aussi peu explicite.

Sirius reporta machinalement son regard sur les deux élèves.

Il les observait distraitement, sans y prêter vraiment attention. Sauf qu'a un moment, Helena tourna la tête vers lui et sembla l'observer un moment. Il esquissa un sourire ironique et murmura :

- J'ai comme l'impression que la compagnie de l'autre ne lui plait pas ...

Mais il ne bougea pas. Il ne s'en mêlerait pas. Il ne tenait qu'a elle de venir le rejoindre, si l'autre l'ennuyait tant que ça.

Il reporta son regard sur le lac.

- Sache seulement que j’aime être seule et que je ne suis pas… attachante.

Cela Emilie l'avait déjà compris. Elle remarqua qu'un gryffondor était assis non loin de là. Lui aussi devait sans doute avoir besoin de calme et d'être seul. Emilie ne répondit rien à la jeune serpentard et s'allongea en regardant le magnifique ciel. Visiblement la jeune serpentard ne souhaitait pas lui parlait d'elle. Cependant Emilie en avait appris assez pour se donner une opinion. La fille qui était assise à côté d'elle devait avoir un lourd passé. Mais ce n'était pas une raison assez forte pour se renfermer ainsi sur soi-même. Emilie avait elle-même perdu sa mère et ne savait pas qui était son père. Ce n'était pas pour cela qu'elle ne parlait à personne. Mais bon Helena ne l'avait toujours pas insultée et elle prit cela pour un signe d'encouragement. Elle resta allongée dans le silence à attendre que parle la jeune Moor.

Peu importe le pays, peu importe où l'on se situait, le soleil couchant demeurait immobile, immense, dominant, quand les joyaux décomposés, les mille et un rayons de lumière cessaient d'inonder les plaines et les eaux, et laissaient l'obscurité sortir de terre et ramper lentement, jusqu'à engloutir les êtres dans son berceau silencieux. Les parfums se mêlaient, pendant un dernier instant, ceux des verdures éclatantes, des herbes rases, des fleurs vives. Répandaient leurs senteurs jusqu'à l'eau fraîche qui reposait nonchalamment en un grand lac, défiant de son immense et unique oeil reflété les grandes montagnes aux reliefs acérés.

C'est à cette occasion qu'Adam avait décidé de sortir. Il n'avait pas pris beaucoup de temps pour contempler les environs à son arrivée, et la nature était pour lui quelque chose d'important, qui amenait parfois calme et concentration dans le coeur des êtres. Profitant du meilleur moment, selon lui, pour découvrir cette nature, il s'était dirigé vers le lac, où l'on pouvait voir les deniers oiseaux du jour voleter ça-et-là vers leur domaine.

Quand il était arrivé, il constata qu'il n'était pas seul. Quelques élèves flânaient, peu parlaient. L'un regardait un couple de filles et il surprit sur ses lèvres un murmure qui attira son attention. Il se rendit compte que c'était le même garçon qui avait fait danser sa collègue, lors du bal, et qui avait provoqué tant d'effet. Intéressant ; l'occasion d'explorer les lieux se doublait de celle de filtrer une goutte de vérité dans cet océan d'apparences.

Il s'approcha de l'élève, maintenant silencieux. D'un naturel discret, il ne savait cependant pas si le jeune élève avait pris la peine de le remarquer. Quand il fut à sa hauteur, il lui adressa un salut de la tête. Ensuite, il adressa d'une voix qui se voulait difficile à entendre, à part pour quelqu'un d'aussi près que Sirius.

"Que murmurez-vous donc, cher jeune homme ?"

Helena vit Sirius marmonner quelques chose d'un air railleur.

Emilie s'allongea à son tour dans l'herbe fraiche sans dire quoi que ce soit. Pourquoi restait-elle là ? Si elle n'avait pas compris que la jeune Serpentard voulait être seule, elle ne devait pas comprendre grand chose.

Le brin d'herbe qu'Helena mordillait avait une saveur âpre.

Les ondes positives que la Poufsouffle dégageait détournaient les méditations d’Helena. Sans préambule, elle annonça :

- A plus tard.

Elle marcha quelques mètres, se rapprochant de l’endroit dominé par le Gryffondor mais s’arrêta avant d’être à sa portée. Elle était toujours au bord du beau lac ténébreux, ce lac qui lui ressemblait tant. Helena lança un regard furtif à Sirius qui venait d'être rejoint par un homme qu'elle ne connaissait pas avant de se rallonger dans l’herbe, humant l’enviable solitude qui la submergeait.

"Que murmurez-vous donc, cher jeune homme ?"

Sirius leva les yeux vers un grand homme sombre. Il haussa les sourcils, surprit. S'il ne se trompait pas, il avait près le lui l'inquisiteur Adam Kristofel, le collègue d'Ombrage. On ne le voyait pas souvent.

Grand et d'une beauté étrange, l'homme ne le regardait pas vraiment. Il avait un regard translucide qui semblait passer au travers de ce qu'il voyait. Ses cheveux sombres avaient de drôles de reflets sous la lueur chaude du soleil couchant. Son maintint neutre était cependant pourvu d'une grâce certaine et captivante.

Il dégageait une forte impression de calme. De paix. Et en même temps, il y avait chez cet homme une aura de menace. Latente, sous-jacente et invisible mais perceptible. Comme un nuage qui fuit et qui revient. Comme un éclair qui s'illumine brièvement pour revenir plus tard ...

Poliment, Sirius répondit :

- Rien Monsieur. Je réfléchissais à voix haute ...

Il se releva souplement et constata qu'il était un peu plus petit que son interlocuteur. Du coin de l'oeil, il avisa Helena qui s'était rapprochée d'eux. Il ne dit rien et reporta son regard sur le parfait inconnu qui se tenait près de lui.

Adam eut enfin la possibilité de l'examiner de près. Il ne l'avait jamais vraiment approché, mais les apparences s'étaient souvent prêtées à ce qu'il le remarque. D'abord pour une danse ; ensuite, saisissant un de ses regards vers une certaine enseignante.. Il naissait un petit mystère qui demandait à être découvert, comme une friandise au goût légèrement piquant, emprisonné par celui du miel, qu'il fallait traverser, faire fondre. Alors seulement, la vérité éclatera.

Pas besoin de se présenter, sans doute, après l'annonce triomphale du bal. Autant approfondir tout de suite.

"Et à quoi réfléchissiez-vous ? Cela m'intéresse, de comprendre votre pensée.."

L'interlocuteur s'était levé. Encore adolescent, il n'avait sans doute pas fini de grandir, ce qui donnait à Adam un avantage en taille. Du coin de l'oeil, il vit également une des deux filles se détacher et faire quelques pas dans leur direction, sans pour autant approcher.

"Et à quoi réfléchissiez-vous ? Cela m'intéresse, de comprendre votre pensée ..."

Sirius haussa les sourcils d'un air étonné, avant de les froncer. Il savait que l'homme était un inquisiteur envoyé par le ministère, et donc doté de fonctions particulièrement puissantes mais cela ne lui donnait aucun droit de connaître les pensées des gens. Cependant, le dénommé Adam avait parlé d'un ton neutre, sans menace aucune. Sirius avait déjà écopé une retenue avec Ombrage, il ne tenait pas à en avoir une avec cet inquisiteur là.

Alors, toujours aussi poliment il répondit :

- Je songeais à l'ennuie qui ronge tant de gens. Ce curieux sentiment qui s'insinue en nous sans prévenir ... Je me disais qu'il fallait un certain temps pour se rendre compte de sa présence et qu'a ce moment là, il est déjà trop tard ... Tromper l'ennui n'est pas simple.

Il se tut et esquissa un sourire. Puis, il poursuivit :

- Mais cet ennui est propice à la reflexion. Et donc à la solitude ... C'est la raison pour laquelle je suis ici, loin de tous. Enfin, je l'étais jusqu'a ce que vous veniez me trouver.

Il n'ajouta rien, observant avec attention son interlocuteur.

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