Pourquoi ?

Lily caressa distraitement son hibou qui s’impatientait, tout en sortant de sa poche un parchemin et une plume. Elle allait répondre à sa sœur. Sirius avait raison. Elle devait tirer un trait sur tout ça. Machinalement elle s’appuya contre la fenêtre et alors qu’elle allait écrire, Lily regarda le parc. Deux silhouettes se tenaient debout, l’une devant l’autre. Elle reconnue parfaitement la première. Elle l’aurait reconnue les yeux fermés. Sirius…Il leva soudainement son bras ? Et caressa le visage de la femme caché par les arbres. Lily ferma les yeux, repoussant cette vision d’horreur. Non, il ne pouvait pas lui faire ça…Pas maintenant…Alors qu’elle se remettait peu à peu à manger, à vivre ! Elle s’empêcha de tomber à la renverse la main toujours crispée sur le parchemin. Elle savait ce qu’elle allait faire. Elle trempa sa plume dans l’encre et commença à écrire. Finalement la lettre changeait de destinataire.

Cher Sirius,

J’ai tout vu. Non ne cherches pas à t’expliquer, à t’excuser, à mentir.

Tu aimes cette femme, ne le nies pas cela se voit même du haut de la volière. Moi la fille la plus intelligente de notre promotion, j’ai cru que tu pouvais m’aimer. J’ai cru que mes sentiments étaient partagés. Mais je suis Lily Evans la Sang-de-Bourbe. Je te remercie pour m’avoir, durant une semaine, fait connaître le bonheur absolue.

Soit heureux mon amour.

Je t’aime.

Lily.

Elle plia la lettre, refusant de lire les mots qu’elle avait écris. Elle devait être forte. Jusqu’à son départ. Elle s’approcha de son hibou, caressant son magnifique plumage caramel. Elle savait que Sirius connaissait son hibou et qu’il risquait de ne pas vouloir lire la lettre. Elle accrocha le parchemin à sa patte et murmura :

- A Sirius Black. Dans le parc. Mords le jusqu’à ce qu’il la lise.

Elle regarda son hibou s’envoler avant de fondre en piquet vers les deux silhouettes. Elle se détourna et frappa de toutes ses forces contre le mur. Elle ne sentit pas tout de suite le sang couler de sa main, indifférente à la douleur. A la vie. Elle frapperait autant de fois qu’il le faudrait.

« Les gens restent avec toi, juste par pitié Lily ! Tu crois qu’ils peuvent t’aimer ? Regarde-toi ma sœur, tu n’es qu’un abominable monstre ! »

Pour oublier.

A bout de souffle, Sirius entra en trombe dans la volière.

Torse nu et le visage hagard, il chercha sa petite amie des yeux et la trouva près d'un mur, la main en sang. Sans hésiter, il se précipita vers elle et l'enlaça fortement par derrière, l'empêchant de faire le moindre mouvement. Il la colla contre sa peau ardente et ne bougea plus.

Au bout d'un moment, il murmura d'une voix brisée :

- Je t'aime Lily. Pardonne moi. Je ne veux pas que tu me laisse, je refuse de te laisser partir. J'ai fais une erreur. Je suis désolé. Je comprendrais que tu m'en veuilles mais s'il te plais, laisse moi une seconde chance ... Crois moi Lily, je t'aime ...

Déchiré et profondément meurtri, Sirius sentit les larmes couler sur ses joues. Il n'essaya même pas de les retenir, trop perdu pour cela. Il avait peur, il avait mal.

Il pleurait.

Lily continuait de taper sur le mur, la main en sang. Elle se fichait de savoir qu’on pouvait la trouver, elle se fichait de cette douleur sourde qui montait de son poignet. Elle frappait, toujours et encore plus fort. Pourtant ce mur, comme Sirius était hors d’attente. Inébranlable. Sa colère avait quasiment disparu, remplacé par cette tristesse sans nom dans lequel elle s’était si souvent perdue. Elle allait s’effondrer au sol, quand elle sentit qu’on l’enlaçait par derrière, l’empêchant de faire le moindre geste.

- Je t'aime Lily. Pardonne moi. Je ne veux pas que tu me laisse, je refuse de te laisser partir. J'ai fais une erreur. Je suis désolé. Je comprendrais que tu m'en veuilles mais s'il te plais, laisse moi une seconde chance ... Crois moi Lily, je t'aime ...

Des larmes coulaient dans le cou de Lily, des larmes de regrets et de tristesse. Sirius. Elle baissa la tête vers sa main en sang, et doucement se retourna vers le jeune homme.

- Pourquoi elle ? Qu’a-t-elle de plus que moi ?

Sirius pleurait. A travers ses larmes, il vit que la belle rousse s'était tournée vers lui. Il entendit sa question. Sans la lâcher, il s'éloigna un peu et tenta de reprendre un peu ses esprits pour répondre :

- Vous êtes différentes. Je l'ai aimée, elle m'a blessé. Je t'aime, je ne veux pas te faire de mal. Et j'ai échoué. Je suis désolé Lily, mais s'il te plais, laisse moi un seconde chance ... Je ne veux pas que tu me laisse, je t'aime ...

Il s'était calmé un temps afin de parler, maintenant ses larmes revenaient de plus belle. Il avait tout gâché, il allait la perdre. Il ne voulait pas, il avait pourtant réussi. Il était perdu.

Deux femmes, deux amours. Un seul être. Sirius gémit et inspira profondément avant de regarder Lily droit dans les yeux. Il la lâcha à regret, s'essyua les yeux et murmura :

- Je suis désolé.

Lily releva doucement la tête. Ses yeux verts n’exprimaient plus rien. Elle sentit vaguement les mains brûlantes de Sirius se détacher de ses bras et un vide, immense l’envahit. Elle refusa de le regarder dans les yeux, serrant son poing meurtris contre elle. Elle gémit de douleur quand il entra en contact avec son ventre, mais elle refusa de le montrer au jeune homme. De son autre main elle essuya doucement les traces de larmes sur le visage de Sirius, indifférente à la tristesse qui menaçait de la submerger.

- Ne pleures pas…Je veux juste que tu sois heureux…

Heureux.

Mais que voulait dire ce mot ? Choisir entre les deux femmes qui lui ravageaient le coeur ? Abandonner l'une pour vivre avec l'autre, rendant l'abandonnée malheureuse ? Etait-ce là la définition du bonheur ?

- Heureux sans toi, c'est impossible.

Il s'essuya de nouveau les yeux, cessant immédiatement de pleurer. Il frissonna. il était torse nu dans un édifice de pierre et il ne faisait pas très chaud. Il était fatigué, l'intensité des émotions qu'il subissait l'assommait et le rendait sensible. Lui qui brûlait habituellement d'un feu intense réagissait aujourd'hui à la morsure d'un courant d'air. Le coeur étreint d'une angoisse terrible, il ajouta :

- Mais Lily, si tu veux partir, je n'ai pas le droit de te retenir ... Je suis idiot d'y songer. Je ne te mérite pas, tu vaux tellement mieux ... Je suis désolé Lily ... Je t'aime, c'est tout ce que je peux dire. Je ne peux qu'espérer. Je n'ai aucun droit.

Il avait tellement mal ... Une ultime larme roula sur sa joue, qu'il essuya d'un geste faible et las.

- Mais Lily, si tu veux partir, je n'ai pas le droit de te retenir ... Je suis idiot d'y songer. Je ne te mérite pas, tu vaux tellement mieux ... Je suis désolé Lily ... Je t'aime, c'est tout ce que je peux dire. Je ne peux qu'espérer. Je n'ai aucun droit.

Une colère sans nom commençait à envahir Lily. Comment osait-il dire ça ? Elle partir…L’abandonner… Elle allait lui expliquer qu’elle ne pouvait vivre sans lui, quand les paroles qu’il avait dis quelques minutes plus tôt lui revirent de plein fouet.

« Je l'ai aimée, elle m'a blessé. »

Se pouvait-il que…Elle ferma les yeux et laissa la colère éclater en elle. Non Il n’avait pas pu lui faire ça…Pas Sirius…Elle releva subitement la tête et plongea enfin son regard brisé dans celui de Sirius. Elle pointa un index rageur sur le torse nu du jeune homme le faisant reculer.

- JE N’ARRIVE PAS A LE CROIRE ! Ainsi je n’étais qu’une simple transition, jusqu’à ce que TA COPINE revienne de ses vacances ?!!! Tu as bien du rire quand je t’ai avoué mes sentiments ! OH JE REVE…

Elle le vit près à parler mais elle lui balança une gifle retentissante. Avant de se jeter sur lui pour l’embrasser fougueusement. Elle se détacha bien vite, se serrant contre lui.

- Je me déteste de t’aimer autant Sirius….

En l'espace d'une seconde, Sirius reçut une gifle retentissante et se fit fougueusement embrasser. Il se sentit tomber au fond d'un abîme sans fin. Il ne comprenait plus. La seule chose dont il avait conscience, c'était de Lily, collée contre lui. Et de son coeur brisé, fragmenté, morcelé. Il referma ses bras autour de la belle rousse et enfouit son visage au creux de son cou, complètement perdu. Elle était là, il pouvait sentir le parfum suave de ses cheveux et sentir son corps frémissant entre ses bras. Mais il avait l'impression que ce n'était qu'un rêve. Un songe qui n'allait pas tarder à virer au cauchemar.

- Je t'aime Lily ... Si tu savais comme je t'aime ...

Ce fut la seule chose qu'il fut capable de dire. Il se sentit devenir lourd et faible. Il se détacha de Lily pour aller s'appuyer contre la pierre froide, oubliant totalement qu'il était torse nu. Il grimaça et murmura :

- J'ai du mal à croire que tu penses une telle chose ... crois-tu vraiment que je me suis servie de toi ? Tu crois que tout ce que j'ai fais et dis ne sont que du vent, de la fumée ?

Il la regardait en s'éfforcant de rester conscient, malgré un mal de tête lancinant.

Lily secoua la tête, refusant les paroles du jeune homme. Elle se blottit un peu plus contre lui et remarqua avec stupeur, qu’il tremblait. Elle dégrafa doucement sa cape et la tendit à Sirius.

- Tu dois me comprendre Sirius. Tu as dis que tu serais toujours là pour moi, que tu me supporterais toute la vie et je te vois batifoler avec une autre femme. Et puis il y a aussi les filles de mon dortoir qui n’arrêtent pas de me dire que tu partiras, que ce ne sont que des mots, que tu te lasseras de moi… C’est dur parfois de sortir avec le mec le plus populaire de Poudlard.

Elle ria légèrement pour lui montrer qu’elle plaisantait et lui plaça correctement la cape.

- Mets là, je n’aie pas froid.

Elle constata qu’il regardait sa tenue, une simple chemise de nuit, courte et transparente. Elle haussa doucement les épaules et lui rappela :

- On devait passer la nuit dans la Salle sur Demande donc…

Sirius esquissa un faible sourire amusé et admira la jolie silhouette de la belle rousse. Grande, fine et élancée, Lily était tout simplement belle, mais sa fragilité et sa douceur prouvait qu'elle n'était en rien consciente de son charme.

Il se rapprocha d'elle et la serra dans ses bras avec tendresse en murmurant :

- Tu préfères croire les filles de ton dortoir plutôt que le mec le plus populaire de Poudlard ?

Avant qu'elle ne réponde, il la souleva dans ses bras et continua :

- La nuit n'est pas terminée. Allons y ...

Il posa un baiser fugitif sur les lèvres de Lily et l'entraîna vers le château et plus précisément, vers la salle sur demande. Il s'arrêta soudain et baissa les yeux vers la jeune fille.

- Tu veux bien ?

Toute son assurance s'était envolée. Il la regardait avec appréhension.

Lily sourit au jeune homme. « Vis l'instant présent Lily. »

Elle saisit la main du Gryffondor et huma l’air frais avec délice. Elle voulait oublier cette femme aux allures de professeur, voulait oublier la trahison du jeune homme. Elle plaça son autre main dans son dos pour ne pas qu’il voit le sang couler et l’attira à elle.

- Nous sommes partis, monsieur Populaire…

Elle l’embrassa délicatement sur la bouche et murmura contre ses lèvres.

- Je t’aime Sirius.

« Vis l’instant présent Lily. Toujours »

Sirius frissonna. La main que Lily avait posée dans son dos était collante et visqueuse. Il la reposa par terre et lui prit tendrement le bras pour regarder.

Elle avait la main en sang. Sirius sortit sa baguette et, d'un sort, répara les dommages. Il avait apprit ce sort très utile à la suite de ses sorties avec Remus les soirs de pleine lune. Il y en avait toujours un de blessé et aller à l'infirmerie était dangereux pour eux, alors ils s'étaient entraînés avec des sorts de bases. Il regarda la main de Lily pour vérifier et esquissa un sourire tendre. Il avait réussit.

- C'est mieux maintenant. Je t'aime mon amour.

Et sans attendre, il la souleva à nouveau et l'emporta vers la salle sur demande.