C'est pas vrai!

Erillia ouvrit sa porte à la volée avant de la claquer et de la vérouiller à l'aide d'un sort. Elle se jeta sur son lit et laissa des larmes silencieuses couler sur ses joues. Elle savait que cela allait arriver... Mais elle ne pensait pas si vite. Même pas le temps de dire au revoir...

Se redressant, elle se recroquevilla sur elle-même, sa chouette lui caressant doucement la joue de son bec.

Sirius, caché sous la cape d'invisibilité, vérifia que personne rôdait aux alentours et essaya d'ouvrir la porte de la chambre de son amante. Son angoisse monta d'un cran lorsqu'il se rendit compte qu'elle était fermée. Il essaya le sort habituel pour tenter de la déverrouiller, mais bien entendu il resta sans effet. Alors il tira de sa poche un long fil de fer recourbé en une pointe longue et une pointe courte. Il s'agenouilla et crocheta purement et simplement la porte. Il avait remarqué que peu de sort était efficace contre cette méthode moldue ... Il espérait simplement que celui de son amante le serait aussi ...

Finalement, la serrure ceda et il put entrer. Il s'engouffra dans la chambre et referma vivement la porte avant d'ôter sa cape et d'aller s'assoir sur le lit, prés de son amante en larme. Il n'osait pas faire un geste, même s'il en mourait d'envie, de peur qu'elle ne le vire.

Après tout, si elle avait fermé la porte, c'est surement qu'elle ne voulait pas de lui ...

Erillia ne disait pas un mot. Seules ses larmes coulaient en un flot ininterrompu. Elle percevait la présence de son amant à ses côtés et ne s'en étonnait même pas. Elle posa sa tête sur son torse, cherchant du réconfort et de l'amour avant tout.

Elle n'avait presque plus que lui.

Sirius s'allongea près d'elle. Elle se rapprocha de lui pour poser la tête contre son torse. Elle semblait tellement perdue, tellement abattue ... Tellement désespérée aussi. Il en avait mal pour elle. L'expression d'intense douleur qui se peignait sur les traits de son amante le bouleversait.

Alors il referma les bras autour d'elle et la serra très fort contre lui, sans toutefois lui faire mal. Il voulait qu'elle sache qu'il était là et qu'il l'aimait. Sans savoir ce qu'elle avait, il percevait que sa douleur et sa peine étaient incommensurable, qu'il ne pouvait rien faire d'autre qu'être là.

Il ne bougea plus, laissant la jeune femme pleurer tout son saoul dans ses bras.

Petit à petit la jeune femme se calma. Elle savait depuis longtemps que ça finirait comme ça. Elle s'était préparée durant tout l'été. C'était mieux ainsi, ils s'étaient retrouvés.

S'arrachant à l'étreinte de son amant, elle se redressa et essuya ses yeux pleins de larmes.

-Désolée, dit-elle à Sirius en lui adressant un faible sourire.

Elle était à présent assise sur son lit. Ses larmes ne coulaient plus.

Sirius sentit qu'elle s'éloignait. Surprit, il la laissa faire et se redressa lui aussi. Il lui passa une main dans le dos et attendit un peu. Lorsqu'elle s'excusa, il secoua la tête, signifiant ainsi qu'elle n'avait aucune raison de le faire.

Il lui caressa tendrement le dos avant de murmurer :

- Tu veux parler ?

Erillia sourit à nouveau.

-Rien d'inattendu, je le savais mais ça surprend c'est tout.

Voyant le regard perplexe de son compagnon elle inclina la tête.

-Je ne suis pas claire hein? Désolée...

Prenant une grande inspiration elle continua:

-Je t'ai déjà dit que ma mère adoptive et sa fille sont morte il y a quelques années de cela. Mon... père adoptif ne s'en est jamais remis mais a continué à vivre malgré tout. Il y a un an à peu près, les médecins moldus, que tu appellerai guérisseur, lui ont diagnostiqué un cancer en phase terminale. Il était condamné.

La jeune femme s'interrompit, rassemblant ses souvenirs:

-J'ai passé toute l'année avec lui, à profiter de nos derniers instants ensemble. J'étais censée lui rendre visite pendant les vacances... mais cela ne se fera pas. La lettre que j'ai reçue vient d'une amie de la famille qui est une sorcière. Elle m'informait de sa... mort et me donnait la date des funérailles. Il avait encore trois mois de vie normalement, je ne comprend pas...

Sirius écouta sans rien dire. Il attira la jeune femme contre lui et lui caressa les hanches en appuyant le menton contre sa tête. Il assimila ce qu'elle lui expliquait. Puis, lorsqu'elle eut terminé, il l'embrassa tendrement dans le cou.

- Il avait fait son temps. La douleur et le chagrin ont eut raison de lui peut-être ... Il est surement mieux là où il est maintenant, sans peine et sans douleur ...

Il caressait toujours la jeune femme avec douceur, déposant parfois un baiser nuageux dans son cou. Puis il murmura :

- Je suis désolé mon amour. Je t'aime ...

Il la serra un peu contre lui, sans cesser ses caresses et ses baisers. Il était malheureux pour elle, éprouvait sa peine et sa douleur et ressentait sa détresse avec une intensité incroyable.

Il n'ajouta rien.

-Oui tu as raison. C'est pour ça que je ne suis pas complètement effondrée. Il est mieux avec sa femme et sa fille. Il y a quelques temps j'enviai même un peu son sort...

La jeune femme avait prononcé ces mots sans se rendre compte de l'impact qu'ils avaient. Elle posa sa tête sur l'épaule du jeune homme et soupira. Elle était heureuse qu'il soit ici près d'elle en cet instant. Elle avait besoin de lui.

Sirius grimaça mais ne répondit rien. Il la laisse se poser contre son épaule et continua ses caresses. Il était doux et tendre, elle avait besoin de réconfort. Puis, gentiment, il releva la tête de la jeune femme et approcha son visage.

Il posa ses lèvres sur les siennes, doucement, légèrement. Presque hésitant.

Elle sentit les lèvres de Sirius se poser sur les siennes, hésitantes. Passant sa main derrière la nuque du jeune homme, elle approfondit le baiser, l'embrassa avec tendresse et gratitude.

Plus tard, elle rompit ce baiser et le regarda en souriant.

-Il semblerait que ce sentiment se soit évanoui lorsque tu m'as embrassé à Pré-Au-Lard, dit-elle en se mordillant la lèvre.

Elle était plus malicieuse, elle réaliserait une des dernières volontés de celui qui l'avait aimé comme une fille, et vivrait sa vie à fond, sans se laisser envahir par la peine et les regrets.

-Merci mon ange, murmura-t-elle, une étincelle de vie dans ses yeux verts.

Sirius esquissa un magnifique sourire. Son amante restait chagrinée, mais elle avait dans le regard une flamme de vie et d'énergie qui signifiait qu'elle acceptait pleinement la nouvelle. Il l'embrassa avec douceur avant de répondre :

- Je n'ai rien fait Darling.

Puis, il s'écarta d'elle et murmura :

- Tu me préviendra avant de partir ?

Erillia se mordit la lèvre.

-Dans le monde des moldus cela ne se passe pas ainsi. Il y a des veillés, des enquètes de police, pour vérifier que la mort est bien naturelle... L'enterrement n'est que... mercredi, dit-elle en baissant les yeux.

Mercredi était le premier jour des vacances.

Sirius esquissa un sourire rassurant.

- Ne t'en fais pas Darling, nous repousserons nos vacances, ce n'est pas un soucis.

Il l'embrassa de nouveau avant de lui repousser les cheveux en arrière. Il lui sourit et lui déposa un baiser sur le nez avant de sortir du lit. Il alla chercher sa cape et murmura :

- Souviens toi Darling ...

Se penchant sur elle, il l'embrassa avec amour et continua :

- Je t'aime.

Erillia eut une moue amusée.

-Je t'aime aussi tu sais.

Elle hésita un peu et se mordit la lèvre.

-Je n'ai pas envie d'affronter ma famille adoptive... ils ne m'ont jamais aimé et je vais être seule contre eux...

Erillia eut un frisson avant de se reprendre et d'embrasser une nouvelle fois son amant.

-Merci de m'avoir réconforté et merci d'être là Sirius, dit-elle d'une voix aussi douce qu'une caresse.

Sirius tendit une main et lui caressa la joue. Tendrement, doucement. Il y mit tous ses sentiments. Puis, sur un dernier sourire, il enfila la cape et quitta la chambre, sans rien ajouter, comme à son habitude.

Erillia soupira et rangea la lettre dans un tiroir. Se refaisant une beauté elle se dirigea vers sa salle de classe, un sourire sur les lèvres. Il allait lui manquer c'était sûre. Mais il était avec elles maintenant.

-Adieu Papa, murmura la jeune femme en fermant la porte de ses appartements.

C'était mieux ainsi.